24H
Piloter le temps
Affiche du film Le Mans (circa 1971)
Une mécanique à son poignet, pour un pilote, c’est un peu une évidence, et lorsque l’objet est une montre, la connivence devient parfois mythique, n’est-ce pas Steve et Paul ?
LA Monaco à 2,208,000 $, c'est pas beau de revendre ses cadeaux !
Mais quand la breloque en question est le résultat du gain de la course, elle traduit alors la nature consubstantielle d’un pilote, la victoire.
À ce sujet, la course du Mans distribue depuis 2001 une Rolex Daytona aux vainqueurs, c’est-à-dire une fois sur trois à Tom Kristensen ! Et, si vous voulez en acheter une, outre Kristensen, tentez votre chance auprès de l’Allemand Franck Biela ou de l’Italien Emanuele Pirro : ils en eu 4 chacun, deux à chaque bras !
Une des sept Rolex glanées par Tom Kristensen au Mans…
Si vous voulez creuser la thématique des pilotes vainqueurs du Mans, il y a de quoi faire.
Par exemple, si vous aimez les montres classiques des années 50, ou si vous êtes d’humeur morbide, intéressez-vous au très fin chronographe Oméga 2279 en or que portait le controversé coureur Mike Hawthorn. C’est ce pilote anglais qui est fortement suspecté d’avoir causé, en 1955, l’accident qui vit la Mercedes 300 SL du Français Pierre Levegh voler dans la foule mancelle en faisant 84 morts et 120 blessés. La tragédie ne l’empêcha pas de continuer sa course (qu’il remporta) et de faire la fête à son arrivée… le flegme britannique sans doute.
La très classique Omega du tristement célèbre Mike Hawthorn.
L’inverse du flegme ?… Le taureau texan Carroll Shelby qui gagna au Mans en 1959 avec Aston Martin comme pilote et en 66-67 en tant que constructeur. Il portait lui une très très chic Patek Philippe 1463 en or.
Patek Phillipe 1463 so chic pour un pilote/constructeur so choc !
Pour le vintage, essayez de trouver la montre Pierre Cardin Espace (au mouvement Jaeger quand même !) de Chris Amon vainqueur en 1966 ou, plus prestigieux et dispendieux, une Rolex Oyster Chronograph 6234 comme celle de Dan Gurney vainqueur en 1967 et plus show off la Rolex Turnograph 6609 en or de Pedro Rodriguez le très mexicain vainqueur de l’édition 68.
Montre Pierre Cardin modèle Espace de Chris Amon vainqueur en 1966.
Rolex 6234 de Dan Gurney vainqueur en 1967.
Rolex Turnograph 6609 du pilote Pedro Rodriguez vainqueur en 1968.
Une autre Rolex mythique, au poignet cette fois-ci de Ken Miles, le héros moral de l’édition 66 : la Rolex Milgauss 6541 (qu’il avait gagnée à Daytona) avec son sublime cadran nid d’abeille et sa trotteuse éclair, à l’époque invendable mais aujourd’hui intouchable.
Rolex Milgauss 6541 de Ken Miles quasi-vainqueur en 1966.
Pour les amateurs des années 80, tournez-vous vers l’as Derek Bell aux cinq victoires (75/81/82/86/87) et son chrono Heuer Autavia 1163T ou la toujours d’actualité Rolex GMT 1675 du pilote Hurley Haywood vainqueur en 1994 sur Porsche-Dauer 962.
Heuer AUTAVIA 1163T de Derek Bell.
L'intemporelle Rolex 1675 GMT de Hurley Haywood vainqueur en 1994.
Et puis, il y a ceux qui ont carrément des montres à leur nom, au premier rang duquel, il y a celui du premier rang, le king Jacky Ickx et ses 6 victoires. En fait de montre, c’est carrément une gamme low price lancée par Heuer en 1971 : les Jacky Ickx Easy Rider !
Malheureusement équipées d’un mouvement indigne de la réputation du Belge, elles fleurent bon les errances marketing des années 70 qui font le bonheur, aujourd’hui, des collectionneurs décomplexés.
Heuer Jacky Ickx Esay Rider 429.801 R.
Sorna Bulhead Jacky Ickx Esay Rider.
Dans le registre des montres éponymes et pour ceux que les antiquités inquiètent, le mieux est d’acquérir une élégante Laurent Ferrier neuve du nom de ce gentleman driver qui arriva 3e en 1979 sur une Porsche 935 préparée par les frères Kremer lors de cette folle édition perdue par les écuries d’usines et qui verra l’acteur Paul Newman arriver deuxième aux mains également d’une 935 privée.
Galet Square Regulateur Black de Laurent Ferrier, l’homme qui murmurait à l’oreille de sa Porsche 935 en 1979.
Enfin, il y a Monsieur Henri, l’homme qui a passé sa vie à courir après le temps, le temps gagné au tour, le temps perdu au stand, le temps long à l’atelier, le temps à quémander auprès des financiers.
Avec ses 33 participations et ses 4 victoires, il a bien dû posséder quelques belles montres mais, totalement névrosé de la course au point de ne respirer que pour ça et uniquement pour ça, il n’en a gardé aucune et quand vous l’interrogez sur la chose et bien il s’en fout royalement car, c’est un roi !
Steve Desk le 18/06/2020