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LORIGE

Une hyperwatch

Acheter une montre construite dans une plaquette de frein en carbone-carbone d’une LMP2 ? Ou comment s’offrir un morceau de la vraie croix !

Pour avoir longtemps œuvré dans le milieu de l’industrie et du commerce, j’ai toujours beaucoup de respect pour ceux qui se lancent dans la création d’une nouvelle marque. Passée l’euphorie des débuts, le parcours qui suit égrène généralement ces inévitables chausse-trappes et, pour tous, c’est un marathon où la plus grande des qualités est l’endurance…
Tiens, justement, l’histoire qui nous occupe aujourd’hui est le fait de deux trentenaires, Emeric Pairaud et Clément Etienvre, qui ont gravité une dizaine d’années dans le sport automobile et particulièrement dans le milieu de l’endurance ! Deux potes qui ont eu l’idée de créer une montre en utilisant le matériau des plaquettes de frein des protos LMP 2 de compétition. Le matériau en question, particulièrement technique, est le carbone-carbone dont sont faites les plaquettes de frein de compétition. Sur le papier le principe est simple ; on récupère les plaquettes usées de voitures dûment enregistrées, ayant un pédigrée, victorieuses si possible, dans lesquelles on usine un boitier qui accueille un mouvement de bonne facture.

Tous les boitiers sont usinés dans des plaquettes de frein en composite de carbone de LMP2 ayant couru.

Dans les faits, c’est là que les difficultés débutent. Certes, le carbone s’usine facilement mais il prend feu encore plus facilement et reste trop friable pour l’utilisation souhaitée. Il a donc fallu stabiliser les pièces usinées pour éviter la dispersion des poussières aussi toxiques pour nos poumons que pour les rouages d’un mouvement horloger et développer plusieurs étapes de traitement par résinage haute pression pour stabiliser la matière. Le tout prend une trentaine d’heures et est réalisé en interne. Ça, c’est pour le boitier.

L'ensemble est assemblé chez Lorige en Suisse.

Pour le mouvement, c’est plus simple mais plus complexe. Il y a trois possibilités. La plus noble est de créer un calibre maison, mais là, le défi est hors norme en termes de savoir-faire et de coût, on parle d’une centaine de millions de Francs suisses dépensés par Oméga pour concevoir son mouvement Co-Axial. Même le fameux Richard Mille ne s’y est pas frotté et a préféré faire concevoir et produire par la maison Audemars Piguet les calibres de ses montres vendues aux prix du diamant.
Ensuite, on peut faire le choix de la fiabilité en utilisant un calibre existant. Dans ce cas, le choix est très restreint, d’autant plus que le leader ETA a décidé, depuis peu, de réserver sa production pour les marques de la multinationale Swatch Group à laquelle il appartient.
Enfin, un moyen terme - qui n’est pas une solution de facilité - consiste à partir d’un calibre existant et le faire modifier selon ses propres exigences. C’est cette dernière option que les fondateurs de LORIGE ont privilégiée. C’est particulièrement pertinent, car en utilisant un mouvement standard, il devient très difficile de se démarquer et surtout de faire passer un prix de vente dépassant les 5 000 €. Or, les premiers modèles LORIGE sont affichés un peu au-dessus de 20 000 €.
C’est la manufacture suisse Timeless Manufacture SA qui s’est chargée de développer et produire ce nouveau calibre LOR-PR01 composé de 294 pièces (130 en moyenne pour un mouvement standard). Toutes les autres pièces extérieures (lunette, couronne etc.) sont, elles, produites à Genève chez Régence Production, le tout étant ensuite assemblé dans le Jura Suisse garantissant un authentique Swiss Made.

Mouvement Suisse of course !

Alors ça donne quoi au poignet ce noble assemblage ?
C’est léger forcément, mais malgré la forme en tonneau, l’ensemble reste très présent.
Après, le choix de la forme générale, du squelettage du calibre et des chiffres en index rapportés, renvoie inévitablement à l’esthétique d’une Richard Mille type RM 030 par exemple. Apparemment, la filiation est totalement assumée et même adoubée par Mille lui-même donc…
On peut de toute façon prédire sans risque que la marque saura rapidement s’émanciper pour développer une esthétique qui lui soit propre. C’est le prix à payer pour exister aujourd’hui dans une compétition horlogère devenue féroce.

La montre est trés légère et lorgne sur les standards installés par Richard Mille sans en viser les même extrêmes techniques et financiers. Chaque boitier est gravé du nom de la voiture donneuse.

À ce titre, la dernière version présentée, la BL- “Hyperblack“ montre la voie. Issue d’un partenariat avec Peugeot Sport, son boitier est directement taillé dans les freins ayant servi au développement de la 9X8 Hybrid qui doit signer le grand retour du lion dans le championnat du monde d’endurance. Pour cette future Hypercar toute en carbone, il fallait bien une hyperwatch hyperblack non ?

*La BL "Hyperblack“ une hyperwatch pour célébrer une hypercar…logique !

Steve Desk 08/04/2022